Des recherches nous ont permis de retrouver un article nous éclairant sur la vie du Chanoine Romain Crozel.
Cet homme a appartenu à la famille des Crozel vivant à la Galicière et l’un de ses passe temps, la photographie, a permis un formidable témoignage de cette époque.
Merci au Père Patrick Royet, Recteur de la Cathédrale, Maison diocésaine de Grenoble.
Article paru dans la semaine Religieuse du diocèse de Grenoble | Année 1942 Rubrique « Œuvre des séminaires et des vocations sacerdotales »
M. Chanoine CROZEL
Ancien Supérieur du Petit Séminaire diocésain, décédé le 9 mars 1942.
M. le Chanoine Crozel a joué un rôle trop important dans l’histoire du Petit Séminaire et de l’Œuvre des Vocations sacerdotales pour ne pas rappeler ici son souvenir.
Tous ses anciens élèves seront heureux de retrouver ici, tracée à grands traits par l’un d’eux, la physionomie si attirante de ce maître de leur jeunesse.
M. le chanoine Crozel, rappelé à Dieu le 9 mars 1942, laisse à tous ceux qui l’ont connu l’exemple d’une vie à la fois modeste et rayonnante.
Il naquit à Chatte en 1864 ; après de solides études au Petit Séminaire de La Côte-Saint André et au Grand Séminaire de Grenoble, il fut ordonné prêtre en l888. Envoyé alors aux Facultés catholiques de Lyon, il revint en 1891, pourvu de la Licence ès sciences, au Petit Séminaire de la Côte Saint André comme professeur de Mathématique ; peu après, en 1893, il échangea cet enseignement contre celui de la Physique et de la Chimie ; il occupa cette chaire jusqu’en 1906, date de la spoliation.
En 1907, dès la réorganisation du Petit Séminaire à Saint Antoine, il fut nommé Préfet de Discipline tout en gardant la charge de Professeur de Sciences et l’année suivante, il ajouta à ces deux fonctions ceIle de Directeur légal en 1908.
En 1922, après le décès de M. le chanoine Goutarel, Monseigneur le mit à la tête de la maison en qualité de Supérieur ; il y resta jusqu’en 1928. A cette date, ayant demandé un poste moins pénible, il devint aumônier des Soeurs de Sainte Philomène à Saint-Marcellin.
M. le chanoine Crozel fut l’homme du devoir d’état. Au Petit Séminaire il s’était voué entièrement à la culture des vocations sacerdotales. Ses fonctions le mettaient sans cesse en rapport avec les élèves qu’il impressionnait par son inflexible régularité au travail, qu’il édifiait par sa bonté ferme et sa piété solide.
Il était paternel, et virilement. Il savait raffermir les volontés chancelantes et, au cours d’un entretien toujours simple mais toujours inspiré par ses sentiments de charité supérieure qu’il puisait auprès du tabernacle, ranimer les courages défaillants ou vaincre les timidités paralysantes. Grâce à lui, plus d’un indécis a compris les grandeurs et les beautés du sacerdoce.
Sa dévotion s’appuyait sur le culte du Saint Sacrement et de la Très Sainte Vierge. Pèlerin assidu de Notre Dame de La Salette, il aimait, au cours de ses vacances, faire de longs séjours dans notre sanctuaire dauphinois et, durant l’année scolaire, choisir pour la lecture spirituelle les meilleurs passages des livres écrits sur la Vierge qui pleure.
Que Notre Seigneur et Notre Dame accueillent celui qui es a si bien servi et à qui tant de prêtres, du diocèse de Grenoble doivent d’une part de leur formation cléricale.
C.C.
Les Vocations sacerdotales,
« Le recrutement du Sacerdoce est parfois difficile. Ce n’est pas la faute du Grand Semeur, c’est la faute de la jachère. Avez vous remarqué à quel point Dieu prodigue les germes ? Dans toute la nature, et pour chaque espèce, animale ou végétale, ils sont multipliés en tel nombre que, pour le figurer, le mot d’indéfini vient à l’esprit. Toutes sortes d’accidents et toutes sortes de bêtes diminuent ces richesses. Il en est de même pour la vocation au Sacerdoce. Elle est commune. Elle meurt dans les âmes inattentives, ou ingrates, ou déjà pècheresses. Elle est tuée le plus souvent par les parents qui ne l’ont pas vue ou pas protégée, ou qui ne l’ont pas voulu voir, ou qui l’ont rudoyée ».
René Bazin,
De l’Académie Française