Caractéristique de ces nombreuses petites usines de moulinage établies en milieu rural, l’usine de la Galicière a été inscrite au titre des Monuments historiques en 2004

DEUX FABRIQUES

L’usine de moulinage de la Galicière est née du regroupement de deux fabriques établies à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre, de part et d’autre d’un vaste quadrilatère. Nommées respectivement Fabrique Haute et Fabrique Basse, elles sont acquises en 1855 par deux négociants lyonnais, Romain Deprandière et François Fleury Cuchet. L’acte de vente concernant la Fabrique Haute fait mention d’une magnanerie, d’une forge et d’un dortoir pour les ouvrières de 38 lits. Dès cette époque, l’usine est dirigée par François Cuchet, assisté de son gendre, Joseph Louis Marc Crozel. Travaillant à façon pour la Maison Deprandière et Maurel à Lyon, l’entreprise est manifestement fructueuse et appelée à un certain développement.

TROISIÈME USINE DE MOULINAGE DE L’ISÈRE

En 1870, ce sont près de 600 tavelles, 6000 broches et 56 bassines qui garnissent les ateliers, plaçant ainsi l’usine au troisième rang des entreprises de moulinage du département, par l’importance de ses équipements. De cette période date très probablement la construction, au nord, des dortoirs et autres logements pour les ouvrières ainsi que de l’importante magnanerie qui clot le site de ce côté. L’organisation de l’usine en deux espaces distincts se signalant chacun par une entrée, s’explique ainsi par l’histoire et l’évolution de cette dernière.

COHÉRENCE ET HOMOGÉNÉITÉ

Pourtant, l’ensemble est d’une grande cohérence tant du point de vue du traitement des bâtiments que de la nature des matériaux de construction utilisés, et surtout très représentatif de l’architecture des nombreuses usines de moulinage qui peuvent être observées en Ardèche, dans la Drôme ou la Loire. Edifiés en contrebas d’un terrain naturel, les bâtiments de fabrication forment de grands volumes, longiligne pour la Fabrique Haute, parallélépipédique pour la Fabrique Basse qui réunissent, sous un même toit, ateliers de moulinage et de dévidage au rez-de-chaussée, logements du directeur et des contremaîtres, dortoirs des ouvrières à l’étage, magnanerie dans les combles. Pour des questions d’hygrométrie, l’atelier de moulinage est semi-enterré. Celui-ci bénéficie d’un éclairage latéral fourni par une série de baies situées en façade principale, ici orientée à l’est. Ces bâtiments sont complétés, au sud, par la filature repérable par ses grandes
verrières en façade, le bâtiment de la chaudière à vapeur avec, à l’arrière, sa cheminée d’évacuation des vapeurs et enfin, au nord, les communs. Tout aussi bien conservé est le système hydraulique, que ce soit le canal d’amenée d’eau, les roues, que les arbres de transmission qui donnaient aux machines leur mouvement.

Sylvie Vincent
Conservateur en chef du patrimoine, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de l’Isère