Dimanche 23 juin 2019 à 18h00
Concert gratuit organisé par l’AIDA dans le cadre des Allées chantent, un tour d’Isère en 80 concerts. Une initiative du Département de l’Isère.
Sammy Decoster
Après presque dix ans de silence discographique en solo, le Nordiste signe un magnifique deuxième album studio.
Un chien sur la pochette du premier. Sa femme et ses filles sur celle du second. Et entre, une décennie… Voilà ce qui séparent les deux albums de Sammy Decoster, Tucumcari paru chez Barclay en 2009 et Sortie 21, fraîchement édité par le label indépendant La Grange aux Belles. Dix ans presque et toujours cette injuste confidentialité (voulue ?) d’une voix bien à part dans ce grand fourre-tout stupidement baptisé « nouvelle scène française »… Lorsque l’organe de ce Nordiste né en 1981 se fait entendre sur Tucumcari, on cerna vite ses obsessions viscéralement rock’n’roll et blues, allant de sonorités fifties/sixties pleine d’écho et de réverbération (les Shadows, le King, Charlie Rich, Glen Campbell, Johnny Cash), à des choses plus salement blues ou country, voire contemporaines (Calexico, Gun Club, Noir Désir). Une culture anglo-saxonne qui ne l’empêche pourtant pas de chanter dans la langue de Claude François. Bref, une entrée en matière des plus goûtues mais dont la suite ne viendra jamais…
Cette culture anglo-saxonne donc… Lorsque ses guitares bombent le torse, elles offrent cette réverbération du siècle dernier, très onirique à la Hank Marvin. Une sorte d’espuma électrique, halo d’une ère révolue qui colle à la perfection à sa voix, elle aussi aux teintes sépia. Au micro justement, sa souplesse vocale permet à Sammy Decoster de jouer parfois les lovers lorsqu’il croone comme Elvis, Roy Orbison voire même, plus près de nous, Richard Hawley ou Ian McCulloch d’Echo & The Bunnymen… Avec sa saveur d’improbable B.O. de western (plus John Ford que Sergio Leone), Decoster importe les grands espaces américains en Gaule, sans jamais sonner faux ou artificiel. Bien au contraire. Il trouve même le ton juste, la note adéquate, le mot qui fait mouche pour que son monde existe sans être écrasé, voire asphyxié, par cette descendance nord-américaine chargée en codes et en clichés.
Comme il le dira dans une interview aux Inrockuptibles, « le premier album a été composé à une époque où j’étais parti aux Etats-Unis avec la découverte de mon rêve américain. Bien plus tard, j’ai eu envie de replacer ma musique en France. » C’est pourtant en Arizona, dans le fief d’Howe Gelb de Giant Sand qu’il a entamé sa Sortie 21. Plus précisément dans le studio de Tucson de Jim Waters, producteur culte de gens aussi divers que le Blues Explosion de Jon Spencer, Chuck Prophet ou Sonic Youth. Mais si la graine a bien été plantée dans le sable bouillant de cette terre située à cent bornes au nord de la frontière mexicaine, l’arbre, lui, a bien poussé en France. La simple lecture de quelques-uns des titres de ce magnifique deuxième disque laisse d’ailleurs entrevoir cette poésie decosterienne pleine de grâce (L’Homme sans voix, De glace, Je rentre chez moi, Je veux être à vous, Chien de paille, Les Carillons de l’automne…), une langue qui parle autant de nous que de lui, et dont la puissance visuelle, pour ne pas dire cinématographique, rend l’univers de son auteur encore plus envoûtant.
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Et bien entendu, au Café des Inconnus, assiettes champêtres, gourmandises et buvette par les membres de l’association Les Amis de la Galicière